La fusion de la grisaille et des émaux avec les verres supports ne nécessite qu’un four rudimentaire qui n’aura pas besoin d’atteindre les température élevées (1500°C et 1000°C) de la fonte du sable ou du verre. Faire fondre le verre en poudre (qui est contenu dans la peinture) nécessite une température de 650°C environ, pour ensuite refroidir lentement. Quelques bûches suffisent pour atteindre cette température.
Le four médiéval est en terre réfractaire. Il dispose d’un ouverture frontale (A) et d’une ouverture zénithale (B) pour provoquer un courant d’air et permettre au bois de brûler et à la chaleur d’être mieux répartie. Il est traversé de trois tiges de fer (C) pour recevoir la plaque d’enfournement (D). Celle-ci est en tôle de fer et est recouverte de cendres pour disposer les verres peints et empêcher qu’ils n’adhèrent au métal. On pouvait ainsi disposer plusieurs couches de verres en les isolant chacune, elles aussi, par couche de cendre ou de plâtre mort.
Une « montre » (E) placée au-devant de la plaque d’enfournement permet de vérifier que les verres et la grisaille ont atteint les 650°C. La montre est constituée d’une bande de verre reposant sur deux taquets réfractaires. Cette bande, plate à l’origine, s’affaisse lorsque la température est atteinte. Il faut alors étouffer le feu et fermer hermétiquement le four avec une porte (F) et un bouchon de cheminée (G) pour que la chaleur se dissipe lentement. La porte et le bouchon étaient aussitôt scellés, ou « lutés » par du plâtre. On évitait ainsi les chocs thermiques et la formation de tensions à l’intérieur des verres.
L’enfournement des verres et la conduite de la cuisson demandaient une certaine expérience. Les verres étaient disposés sur la plaque d’enfournement selon la couleur, en raison de leur vitesse d’absorption de la chaleur. Le feu devait être surveillé et conduit avec modération au départ pour éviter tout choc thermique.
Théophile, dans le chapitre XXIII de son « Essai sur Divers arts« , explique comment fabriquer un four avec de la terre armée de joncs. La reconstitution exposée ici reprend les dimensions fournies par Théophile. C’est un four adapté à la création de petits vitraux romans. Il nous faut donc imaginer des fours beaucoup plus grands ou plus nombreux sur les chantiers des cathédrales un siècle plus tard.
La technologie des fours évolua lentement. Dès le 13e siècle, peut-être, le four est partagé en trois espaces : le cendrier, le foyer et la chambre de cuisson avec un fourneau contenant les verres. C’est un type de four que l’on utilisera, chauffé au bois puis au gaz, jusqu’au milieu du 20e siècle. Avec l’électricité, foyer et fourneau ne feront plus qu’un. Les fours actuels pour le vitrail sont plats. Un régulateur de cuisson et des résistances disposées dans la « voûtée » autorisent les cuissons plus délicates des verres fusionnés ou des très grandes plaques.